• Statut du chômeur : le debat est ouvert !

    MANAGEMENTLa création d'un statut de chômeur est-t'elle souhaitable? Derrière cette question, un peu provocatrice, il y'a un vrai débat qui traverse le mouvement des chômeurs et précaires.  Au NPA, nous défendons depuis toujours un véritable statut de vie, avec une continuité des droits sociaux et des revenus quel que soit la situation de la personne et les aléas de la vie qu'il peut rencontrer ( salarié, chômeur, précaire, malade, retraité, handicapé etc.)

    La situation actuelle, où les attaques libérales contre les chômeurs et précaires mènent à une paupérisation dramatique de toute une partie de la population, rend la création de ce statut plus que nécessaire pour répondre à l'urgence sociale, même si c'est reconnaître de fait l'échec de la lutte contre le chômage et l'enracinement d'une situation qui n'a  pas vocation à durer, mais a être seulement transitoire.

    Je comprend donc que certains soient rebutés à l'évocation d'un "statut de chômeur", car être chômeur, ce n'est pas un métier, avec une convention collective, c'est un accident de parcours. Lui accorder un statut, c'est donc un avoeu d'échec.

    Des acquis ont été obtenus lors des luttes de 1995 et, lors des marches contre le chômage et les précarités de décembre 2009, plusieurs générations militantes se sont retrouvées pour exiger le droit à un revenu et une vie décente, des droits fondamentaux tels que le droit au travail, au logement, l'accès aux soins, aux transports, à l'éducation et à la culture etc. C'est autour de la revendication des droits pour tous et toutes que s'organisent ces luttes.

    La période 1995-2005 s'est donc traduite par un certain nombre de droits attachés à la personne. Une sorte de "statut du chômeur"  s'est donc construit progressivement à l'occasion des luttes de cette époque. Cette construction statutaire de la construction du monde du travail, autour de la défense de la Sécurité Sociale, du droit à la santé ou de la retraite, comme en 2003, est à l'image des luttes initiées dans les années 1995.

    Ce "statut du chômeur" s'est élaboré par diverses strates succesives. Le fait d'être reconnu comme demandeur d'emploi ( inscrit ou non) sur les listes de l'assurance chômage, être bénéficiaire du RMI, des assedic ou de L'APL, vous ouvrait des droits dits " connexes" c'est à dire rattachés. Ces droits peuvent représenter jusqu'à 20% des revenus des beneficiaires sont aujourd'hui battus en brêche par l'instauration  du RSA l'année dernière.

    En effet, ces droits acqui sont insupportables pour l'idéologie libérale. L'offensive gouvernementale contre ces acquis de la lutte des chômeurs et précaires s'engage donc sur différents plans : remise en question de la systématicité des droits, mise en avant d'une contrepartie plus ou moins négociable avec le renforcement de la contractualisation des droits ( PPAE, RSA) qui était auparavant marginale. Remise  en cause de ces droits : avec le RSA, c'est désormais le niveau de revenus du beneficiaire qui détermine l'occtroi ou non de droits complémentaires.

    Par exemple, l'exonération de la redevance TV et de la taxe d'habitation, la gratuité des transports etc. Quand auparavant, ces droits étaient  déconnectés du revenu et attachés à la qualité de bénéficiaire du RMI, de chômeur, d'handicapé et donc automatiques ! Désormais, le fait de travailler quelques heures par mois peut vous faire perdre ces précieux "petits plus" qui soulagent un peu votre quotidien ...

    Le RSA, au contraire, enterrine la pérennisation du "travailleur pauvre" . Comme si, désormais, il était tout à fait logique d'être pauvre tout en travaillant ! L'Etat instaure donc un statut d'assistanat social permanent qui éxonère les employeurs de verser un salaire décent pour vivre !

    J'ajouterai un élement important : ce sont principalement les chômeurs " a temps complet" et de longue durée  qui portent la revendication d'un statut pour les chômeurs , car un chômeur qui a dépassé la cinquantaine par exemple, ne peut envisager d'autre avenir que cet "état statutaire" .

    La nouvelle couche de jeunes salariés confrontés  à la précarité ne peut défendre un statut lié à un état de chômage qu'ils ne connaissent que de façon intermitente. Contrairement aux "droits des chômeurs" qui s'adressent à une partie de la population, ces jeunes actifs abordent la précarité  comme une réalité qui concerne simultanément tous les aspects de la vie et toutes les catégories de la population.

    Mais la "garantie de revenu" ou le "revenu universel" revendiqué par une partie du mouvement des chômeurs et précaires risque fort de rejoindre les politiques libérales qui s'attachent à développer le revenu comme seul élement de droit.

    Cette approche détache le revenu de la source de création de richesse, le travail, qui détermine surtout l'appartenance à un groupe social distinct. Les Capitalistes eux, n'ont pas besoin de travailler pour vivre, puisqu'ils tirent leurs revenus du travail et de l'exploitation des autres !

    Nous préferons la démarche visant à exiger que les droits fondamentaux ( accès aux soins, au logement, au travail, aux transports, etc.) soient des droits " imprescriptibles" c'est-à-dire "opposables" . Voilà un nouveau statut du citoyen-travailleur qui reste à construire !



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